BRICS : quel est l’objectif de cette organisation internationale ?

En août 2023, six nouveaux pays ont été invités à rejoindre le groupe fondé en 2009 par cinq économies émergentes. L’Inde et la Chine, membres de longue date, entretiennent pourtant des rivalités frontalières persistantes. Les échanges commerciaux entre certains membres s’effectuent désormais sans passer par le dollar américain.Ce regroupement, souvent perçu comme un contrepoids potentiel aux institutions occidentales, connaît une croissance rapide de son influence sur la scène internationale. L’élargissement au format BRICS+ marque une étape décisive dans la redéfinition des alliances économiques et politiques mondiales.

Les BRICS : origines et principes fondateurs

L’acronyme BRICS a vu le jour en 2001, sous la plume d’un économiste de Goldman Sachs. À l’époque, il ne s’agissait que de nommer quatre pays émergents promis à un poids décisif dans l’économie mondiale : Brésil, Russie, Inde et Chine. Leur croissance rapide laissait entrevoir un basculement des centres de décision économiques. En 2010, l’Afrique du Sud rejoint ce quatuor, élargissant le cercle et rééquilibrant la carte des puissances.

Ce bloc n’a ni unité territoriale, ni modèle politique commun. Ce qui les rapproche, c’est la volonté de peser sur la gouvernance internationale et d’opposer d’autres voies au système issu de Bretton Woods. Les BRICS sont soudés autour de certains principes partagés :

  • Affirmation de la souveraineté nationale
  • Refus de toute ingérence dans les questions internes
  • Ambition d’un développement équitable et d’une croissance qui bénéficie à tous

La création en 2014 de la nouvelle banque de développement (NDB) donne corps à leur vision commune. Objectif : proposer des solutions différentes de celles de la Banque mondiale ou du FMI, en soutenant prioritairement les besoins des membres. Malgré leurs trajectoires économiques variées, le total de leur PIB met les BRICS au coude-à-coude avec le club du G7. Ces pays misent sur le collectif pour faire entendre le point de vue des économies émergentes et remodeler l’équilibre mondial.

Quel rôle pour les BRICS dans l’équilibre géopolitique mondial ?

Face aux puissances du G7 et à l’Union européenne, les BRICS avancent à visage découvert. La puissance se mesure ici en population, mais aussi en capacité à défendre ses intérêts et à orienter les débats mondiaux. Représentant plus de 40 % de la population mondiale et près d’un quart du PIB global, leur poids n’a rien d’anecdotique.

La création d’une monnaie commune revient régulièrement dans les discussions du groupe. L’enjeu ? Dépasser la domination du dollar américain dans le commerce mondial. La réalité s’avère plus nuancée, car les divergences stratégiques entre Chine et Inde ralentissent le processus. Mais le signal reste fort : un mouvement s’esquisse pour renforcer la souveraineté monétaire du Sud global.

Pour mieux comprendre la dynamique actuelle, détaillons les principaux axes défendus par le groupe :

  • Explorer d’autres modes d’organisation que ceux imposés par les pays développés
  • Renforcer les coopérations stratégiques Sud-Sud
  • S’engager sur les grandes crises régionales, aussi bien en Europe de l’Est qu’en Afrique

Qu’il s’agisse des divisions persistantes entre Russie et Occident ou de l’affrontement sino-américain, le groupe avance en équilibre, préférant le compromis aux déclarations fracassantes. Les intérêts de chacun diffèrent, mais la capacité à peser ensemble sur la scène mondiale brise la routine d’une gouvernance monopolisée par les puissances du Nord. Oui, la redistribution des rôles est bel et bien en cours.

L’élargissement vers les BRICS+ : ambitions et défis d’une nouvelle ère

L’ouverture à de nouveaux membres, sous l’appellation BRICS+, change véritablement la donne. En 2024, Arabie Saoudite, Émirats arabes unis, Égypte, Éthiopie et Iran intègrent progressivement le bloc, élargissant la géopolitique des émergents. Derrière cette extension, une stratégie affirmée : renforcer la capacité du groupe à rivaliser avec les grands ensembles mondiaux. Le débat fut vif lors des rencontres du groupe, signe que l’intention collective n’exclut pas les intérêts propres à chaque capitale.

Avec ces nouveaux venus issus de régions-clés et riches en matières premières, le club s’ouvre à de nouveaux relais d’influence. L’Afrique élargit sa représentation, le Moyen-Orient s’invite dans la négociation. On assiste à la construction d’un front d’intérêts partagés, quoique parfois concurrents, où la collaboration pourrait générer de vraies surprises.

L’impact se mesure à plusieurs niveaux :

  • Capacité accrue à influencer les marchés mondiaux du pétrole et du gaz
  • Proposition d’une enceinte de dialogue à des pays émergents jusqu’alors éloignés des réseaux occidentaux
  • Volonté de bâtir des alternatives solides face à la prédominance financière du Nord

Ce qui frappe, c’est la hausse de la diversité en interne. Une pluralité d’intérêts, l’exemple des rapports entre Arabie Saoudite et Iran le prouve, s’ajoute à la complexité initiale. Le défi majeur réside désormais dans l’élaboration d’une gouvernance apte à concilier ambitions collectives et visions singulières. Nul ne peut dire si la promesse d’un ordre mondial repensé se concrétisera sans heurts.

Jeune économiste avec tablette dans une place urbaine

Ce que la coopération BRICS révèle sur les dynamiques économiques mondiales

La coopération BRICS a franchi un cap : il ne s’agit plus seulement de l’addition d’intérêts particuliers, mais du reflet d’une transformation planétaire dans l’économie mondiale. Ensemble, les membres et futurs membres du BRICS+ pèsent plus de 40 % de la population mondiale, et avoisinent les 32 % du PIB mondial d’après la Banque mondiale. Les flux de capitaux, les échanges de technologies et les logiques de croissance sont en pleine mutation.

Leur force, c’est le contrôle de ressources stratégiques. Chine et Inde amplifient leur avance sur l’industrie, tandis que Brésil et Russie s’imposent par l’énergie et l’agrobusiness. Avec l’arrivée des Émirats arabes unis et de l’Arabie Saoudite, la main sur le secteur pétrolier devient encore plus ferme, de quoi peser sur la stabilité des marchés mondiaux.

Ce basculement, on le ressent à travers trois tendances de fond :

  • Une présence renforcée dans les grands échanges mondiaux
  • La mise en débat de l’hégémonie du dollar au profit d’une monnaie commune en gestation
  • Une nouvelle banque de développement qui propose un autre chemin que celui tracé par Bretton Woods

Cet équilibre mouvant impacte jusqu’aux règles du commerce et à la définition des normes. Dans ce paysage, Chine, Inde et l’Afrique jouent les chefs de file d’un modèle de développement qui s’affranchit des tutelles historiques. Leurs trajectoires contrastées convergent, dessinant le visage éclaté mais indéniablement plus influent des pays émergents sur la scène mondiale. Pour le reste du globe, le signal est clair : la redistribution des équilibres a commencé, et rien n’indique qu’elle s’arrêtera en chemin.

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